lundi 21 mai 2018

Le soleil de Minden 1759 [Might&Reason]



Samedi 18 novembre 2017, lors de la résurrection du Trophée Alexandre à Aulnay-sous-Bois, 4 joueurs, sous la direction de Tizizus, ont rejoué cette bataille qui avait déjà été présentée il y a une dizaine d’année en utilisant également Might & Reason règle plus toute jeune, mais aux mécanismes toujours plaisants et d'actualité.
Déploiement des troupes, Minden 1759

Avec Monsieur Spontz nous avons accepté le défi de faire, rien de moins, qu’un résultat plus brillant encore que celui historiquement atteint par les Anglo-Hanovrio-hessois !
En effet, nos adversaires du jour, Phil' et Aetius, peu au fait de la règle préféraient malgré tout jouer français.
Pour les joueurs de Might &Reason vous trouverez le détail et les effectifs du :

Plan de bataille historique de la bataille de Minden 1er août 1759 au petit matin

Le conseil de guerre ayant voté le commandement en chef avec pleins pouvoirs au général Spontz-Ferdinand ainsi que la gestion du flanc gauche,
Ferdinand derrière sa grande batterie, hessois de Wutginau sous Sporken à sa droite, réserve d' Holstein à sa gauche
   il revenait de fait la lourde tâche de la direction du flanc droit au général Figalpage-Sporken. 
Sous son commandement, à sa gauche, en plein centre du dispositif hanovrien, les troupes de Wurtginau composées d’infanterie hessoise, hanovrienne et même brunswickoise. C’est la colonne la plus colorée, la plus hétéroclite mais également la plus fragile de l’armée. Épaule contre épaule, les hommes arrivent tout juste à couvrir le front afin d’empêcher toute infiltration de la cavalerie adverse. Mais gare, si la ligne rompt, rien ne pourra empêcher l’armée de se faire contourner, à commencer par les batteries d’artillerie concentrées au centre.

Les français et saxons sur 4 rangs face à Sporken
Sous les ordres directs de Sporken, trois magnifiques brigades, deux britanniques et une des gardes hanovriens. Pierre angulaire du dispositif, cette colonne est déployée juste en avant du bois couvrant le flanc droit de l’armée.
You shall not pass ! (... ou alors c'est la fin des haricots)
Décalé à l’extrême droite, la colonne d’avant-garde sous les ordres d’Anhalt est composée d’une brigade hanovrienne épaulée par une  batterie d’artillerie légère et ne devra compter que sur elle-même en attendant l’arrivée hypothétique de la réserve de cavalerie lourde aux ordres du peu inspiré Sackville.


Artilleurs visez bien, Anhalt est seul face aux français !
Les ordres sont clairs, tenir ou mourir sur place, Anhalt devra par ailleurs servir d’appât aux français en avançant le long du village de Hahlen pour les détourner le plus longtemps possible du centre droit composé des troupes les plus fragiles sous Wurtginau. 

Avec son armée sur deux rangs de profondeur, Contades, le général français peut prendre le risque d’un assaut majeur sur le centre droit des alliés tout en retardant tout mouvement d’enveloppement sur ses ailes.
Contades au centre met en place son plan de bataille
C’est en ce début de bataille la plus grande crainte de Sporken, qui devra garder les français sous pression tout en les attirant le plus possible sur son flanc droit. Le bois dans son dos servira de muraille naturelle quasi infranchissable pour les troupes régulières françaises excentrées, quitte à les laisser détruire la cavalerie alliée encore sur la route menant au champ de bataille.  Et si ce prétentieux  incapable de Sackville devait y perdre son honneur et le peu de crédibilité qui lui reste ce ne serait pas non plus pour déplaire à Sporken !   
Il faudra du sang froid pour manœuvrer autant de troupes coté français.
Le conseil de guerre sous le haut patronage de Ferdinand a bien pris en compte la situation délicate du déploiement, sur un seul range et étiré à l’extrême,  de l’armée des alliés. Bien que composé de nombreux et excellents aides camps, l’état-major a de suite pris conscience qu’il n’allait pas être possible de contrôler tous ces nobliaux impulsifs en quête de gloire à la tête des brigades des alliés.
A l’extrémité gauche, deux redoutes garnies d’artillerie et défendues par une brigade  couvrent judicieusement l’aile. Nul besoin d’y apporter plus de soutien ou d’attention. Charge à l’ennemi de faire le premier pas, Avancez les premiers, messieurs les français ».

De Broglie face aux redoutes des Hanovriens
  Au centre, la cavalerie devra utiliser sa mobilité pour s’adapter aux entreprises de l’ennemi. L’essentiel des aides de camps (points de commandement) serviront donc à sécuriser et contrôler aussi bien que possible le flanc droit, et ainsi refermer le redoutable piège sur l’armée française.

Alors  place maintenant à cette impressionnante bataille vue à travers les yeux du réputé fougueux général Sporken.

La plaine est fraîche et encore toute fumante en cette belle matinée. Les deux  armées parfaitement déployées et alignées comme à la parade s’observent une dernière fois. Seul le hennissement de quelques chevaux trahi l’impatience des belligérants. La journée s’annonce rude pour les anglo-hanovriens dominés en nombre. Mais il en faut plus à nos deux stratèges pour être déstabilisé.
Le sang-froid et la patience est la clé du succès. Sporken ne doit surtout pas s’emballer et partir à l’assaut des lignes ennemies. Chaque nouvelle arrivée d’un aide de camp du quartier général lui rappelle sa mission.
Les français avancent sur Anhalt excentré tel une proie fragile, le piège fonctionne
L’avance française est lente, et pour cause, la ligne de front est bien trop étendue pour être correctement commandée. Pour Sporcken la question ne se pose pas, il semble bien que l’aile gauche française ai décidé de s’en prendre à ses hommes. Anhalt, en avant-garde offensive à l’extrémité du dispositif comprend qu’il va subir le poids des brigades en approche. Afin d’assurer sa survie, le général de cavalerie Sackville ne devrait pas tarder à protéger les arrières. Pourtant, ce dernier semble incapable de faire avancer ses troupes, attendant les derniers retardataires partis en maraudes.

Le commandement français semble totalement débordé, les troupes progressent de manière erratique Aucune réelle coordination entre le Duc de Guerchy refusant d’avancer et le Prince de Sachs trépidant d’impatience d’en découdre mais relégué en seconde ligne. Plus surprenant,  aucune troupe ne semble chercher à prendre possession du village de Hahlen afin de sécuriser le reste des manœuvres. Anhalt est de nouveau confiant, pas d’attaque de flanc à prévoir sur sa droite mais pour combien de temps ?
Français du Duc de Guerchy en pleine confiance
Au centre, les batteries d’artillerie des deux armées commencent leurs tirs de barrage créant de facto une zone vierge de toutes troupes trop compactes.
Malbergen, à la limite de la portée effective des canons est tout de même rapidement occupée par les français du Duc de Beaupreau fier de sa splendide manœuvre.
La cavalerie de Holstein reste à distance du feu ennemi. Imperturbable, alignée comme à  la parade. Ferdinand, tout à sa gestion de la bataille est d’une rare activité, ses missives sont claires, précise et l’armée les applique à la lettre.

Wangenheim, retranché derrière ses barricades à l’entrée de Todtenhausen attend de pied ferme le Duc de Broglie dont il se méfie à juste titre, car il reconnait au loin les couvres chefs typiques des grenadiers royaux. Malgré une supériorité française, le Duc de Broglie ne semble pas désireux d’en découdre et préfère une bonne préparation d’artillerie avant de décider de lancer un assaut.
Wangenheim accueil le Duc de Broglie au son du canon !
 
La cavalerie de Fitzjames s’avance vers les hessois mais ne semble pas vouloir exercer de pression sur des troupes fraiches (ou bien est-ce l’uniforme bleu des hessois qui les fait douter ?).

Ne voyant toujours pas Sackville avancer ses escadrons pour fermer le trou entre ses troupes et celles de Anhalt, Sporcken dû mettre ses unités en flanc refusé afin de ne pas se faire prendre à revers par des français grisés et motivés par l’isolement de Anhalt. Malgré toutes les injonctions Sackville continuait à attendre ses maraudeurs dispersés.
Flanc refusé de Sporken, parfait. Ferdinand parvient à retenir son fougueux lieutenant

Les français furent finalement repoussés sous les tirs de la brigade Anhalt magnifiquement soutenue par l’artillerie légère faisant preuve de beaucoup de détermination.

Anhalt, non débordé sur son flanc droit par Hahlen, tient au choc frontal. Où est donc la cavalerie ?
 Mais à tout malheur il peut parfois en résulter de bonnes choses. L’obstination de Sackville à laisser ses frères d’armes combattre seuls laissant une grosse brèche dans l’aile droite de Sporcken fit office de miroir aux alouettes pour ces pauvres français  bien trop entassés et désireux d’en finir avec leurs adversaires. Le centre de gravité des attaques françaises continue à se déporter de plus en plus vers l’aile droite de Sporken.


Lentement le français progresse sur Sporken
 Rassuré, Ferdinand tourne enfin son attention vers les autres fronts, conscient de l’avancée – enfin – des français. A gauche de Broglie sous le feu adverse pousse, tout comme la cavalerie mais Ferdinand engage sans hésiter sa réserve montée aux ordres de Holstein.
Charges et contres charges chez le Duc de Broglie qui ne fait pas la différence

Les troupes de Sporcken mettent en action leur puissance de feu et repoussent les vagues de français désordonnés sans prendre le risque de les poursuivre. La batterie légère d’artillerie prend soudainement la fuite sous prétexte de ne plus avoir de munitions laissant Anhalt seul face aux français qui n’arrivent pourtant pas à le déborder !

Anhalt tient et repousse
La cavalerie monte

Alors que la situation devient confuse, Sackeville entre finalement en action. Indéniablement, cet homme voulait apparaître comme le sauveur de l’armée.  
La cavalerie de Sackville arrive juste à temps !
   Sa charge apporte cependant le répit sur le flanc des troupes de Sporcken.  
La charge salvatrice sous les yeux des artilleurs en repli d'Anhalt !


Les troupes françaises et saxons se désagrègent sur les hommes de Sporken et Anhalt soutenus par les chargent de Sackville
Conscient que la journée est perdue s'ils ne changent rien, les français lancent toute leurs troupes restantes non engagées sur les hessois du centre  restés l'arme au pied depuis le petit matin.
les canons d’abord, le centre français décide de converger vers les hessois en un assaut désespéré

  Wutginau reçoit alors l’ordre d’avancer au culot vers les brigades de cavalerie française pour les repousser.

Hessois à moi !
L'assaut de la dernière chance, les généraux français partent au feu sous le regard abattu de Contades



L'artillerie d'Anhalt reprend son feu ravageur entre 2 charges de cavalerie, le flanc droit est définitivement Hanovrien
Attention, visez bien artilleurs !


Sporken repousse l'armée française et se met à la poursuite des derniers débris
  L'armée française sous le poids des pertes est mise en déroute complète. Cette journée est glorieuse pour le prince Ferdinand, son "Soleil de Minden" brille haut dans le ciel. Les pertes sont peu nombreuses et le piège à fonctionné à merveille.

Les français n'ont jamais réussi à se sortir de leurs problèmes de commandement, de troupes trop nombreuses se gênant mutuellement et préférant s'attaquer à des unités solides et excentrées plutôt que de pousser les hessois du centre bien plus facile à user sur la durée et faire rompre.
Avec un commandement faible, une armée très étendue il était difficile pour les français d'inverser la tendance après leur mauvais choix des débuts de porter toute leur attention sur le flanc droit hanovrien tactiquement supérieur. Cette bataille reste toutefois un beau souvenir, un challenge passionnant. Une revanche en inversant les équipes mériterait clairement d'être rejouée dans quelques années !

Le plaisir M&R est toujours aussi fort lors de ce type de reconstitutions parfaites pour 4 joueurs.
Encore merci à Tizizus pour toute cette organisation ainsi que pour l'arbitrage.

Et en bonus, les photos (de meilleure qualité qui plus est !) de Phil' Contades. :-D



7 commentaires:

  1. Une belle bataille avec de magnifiques figurines...même si le résultat est terrible pour les Français!

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    1. Effectivement, j'ai d'ailleurs hésité à poster le CR car in fine il n'y a pas de grands rebondissements même si c'était bien plus tendu dans les faits, certaines brigades du Hanovre étant fortement diminuées. Les figs rendent mieux en vrai qu'en photo, elles ne sont pas très photogéniques ;-) Mais elles te remercient, Certaines sont de Phil' (Contades), d'autres de Ferdinand (Spontz) et surement un peu de Tizizus.

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  2. Ouais...pas fier sur ce coup là...j'ai été complétement nul..; Merci pour cette leçon de stratégie et ce magnifique compte rendu tant espéré. Pour une revanche, ce sera selon votre bon plaisir. Mais une chose est sûre, je serai dans le camp français à nouveau! mille merci. Montjoie! St Denis! Vive le ROY!!

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    1. C'est surtout la connaissance de la règle qui nous permettait de voir que vous n'alliez pas avoir ni le temps, ni les moyens de contrôler l'ensemble de vos troupes. Si on refait un Minden je viendrais avec plaisir jouer le Duc de Broglie ou Xaver de Sachs et essayer de venger l'honneur du Roy ;-)

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  3. Chouette compte-rendu et chouette table. Ces lignes massives rendent très bien. :)

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    1. Merci Apa, l'effet de masse en ligne et vagues était très sympa à jouer. Ce sont juste les photos qui ne sont pas à la hauteur de la partie. On rêve aussi d'avoir un espace dédié aux batailles comme le votre, mais c'est une autre histoire ;-D

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  4. C'était la première bataille de nos adversaires du jour. Malgré cela ils se sont très bien débrouillés car ce n'est pas une règle facile tactiquement.

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