dimanche 12 décembre 2021

BBB : Bataille de Frœschwiller- Wœrth le 6 août 1870

Bataille de Frœschwiller- Wœrth le 6 août 1870

 

Un compte rendu période Second Empire ce n’est pas courant chez le Marius diront, avec raison, les mauvaises langues ! Celui-ci traite de la bataille de Frœschwiller-Woerth le 6 août 1870 jouée avec la règle bien nommée « Bloody Big Battles ! » de Chris Pringle, BBB pour les intimes et pas BB pour les petits coquins (BB, vous l’avez ?). Pour les plus incultes comme le Marius sur le sujet, mais tout de même curieux, un rapide tour de chauffe via le wiki de la bataille suffira amplement : 

WIKI Bataille de Frœschwiller 

 Notre reconstitution de la bataille a été jouée par le Marius et 3 de ses acolytes, JM, David (oui les anciens, on parle bien DU David revenu pousser en bonne compagnie des figurines), le tout sous la férule de notre redoutable Maître Ben, dont c’était la seconde partie avec BBB. Soit 4 grands novices autour d’une table de jeu donc, pour ce sanglant baptême du feu...

Coté troupes à diriger, j’écopais naturellement des bavarois peints par JM (logique, nous sommes voisins les suisses et les bavarois), alors que lui-même prenait en charge les troupes prussiennes reconnaissables à ce casque à pointe si caractéristique. Face à nous, Ben & Dave se sont répartis les français composés de nombreuses unités colorées de rouge, de blanc, de bleu foncé ou bleu ciel et coiffés de casquettes ou turbans. D’un point de vue vestimentaire, rien à dire, les grands couturiers, tendance militaire, étaient déjà français, même si les bavarois savaient encore se démarquer avec un uniforme saillant et bien visible.

 

Une bataille gagnée, c’est souvent une bataille bien menée avec un plan bien pensé !

Bon, quand c’est le cas des deux cotés ça s’annule et la victoire se décide alors sur des détails, des grains de sables dont on réalise l’impact souvent qu’après coup.


 En bon état-major prussien de 1870, le général bavarois von Hartmann et le Kronprinz Wilhelm de Prusse se sont réunis pour un – très – rapide conseil de guerre. Un survol des directives envoyées par von Molkte (conditions de victoire) nous a bien fait comprendre les enjeux de cette première confrontation :

capturer et tenir Reichsoffen,

capturer Froeschwiller avant 18h et le tenir à la tombée de la nuit,

Détruire l’armée française (maximum 4 unités d’infanterie encore en état de combattre).

 Va falloir non seulement conquérir du terrain, mais il faudra également « poutrer » en masse ces fiers mangeurs de fromage que sont les français. Tout un programme…

Les bavarois IIème corps devront donc effectuer un mouvement tournant sur l’aile droite à travers un terrain accidenté et boisé pour conquérir ces objectifs et en particulier Reichsoffen.

Les prussiens du Vème corps prussien, quant à eux, auront la lourde tâche de faire sauter le premier verrou central que représentent les environs de Woerth encerclé par de féroces vétérans français épaulés par une nombreuse artillerie sur la colline avoisinante.

Dans un second temps, les renforts en approche du XI corps prussien et les württembourgeois devrons eux, se déployer sur l’aile gauche pour, dans un grand mouvement bousculer toutes les troupes devant eux et terminer par la conquête de Reichsoffen en cas d’échec bavarois.

Le plan français, dont nous n’avions pas connaissance (mais que font les espions, impossible de compter sur ces gens-là), se dessinera rapidement. Une option agressive au centre avec pour objectif la prise de Woerth a été envisagé. Pour fonctionner correctement, Woerth doit être ensuite tenu à tout prix et le plus longtemps possible. Ça tombe bien, deux divisions de redoutables vétérans sont prêtes à en découdre et à punir des teutons trop confiants et encore peu nombreux.

Les Français prêts à reprendre Woerth

  Première constatation de von Hartmann, ses troupes bavaroises inexpérimentées ne sont pas suffisamment aguerries pour un combat rapproché prolongé avec les vétérans français. Heureusement, la présence de nombreuses troupes légères permet de compenser ce handicape en usant par le feu dans un terrain accidenté les français dont la qualité de tir à longue portée ne pourra pas s’exprimer pleinement.

 

L'aile droite bavaroise et ses troupes inexpérimentées face au terrain boisé.

Ouverture des hostilités :

Le brutal assaut français est récompensé par la prise de Woerth au grand désappointement des casques à pointe et à chenille (les bavarois, pour ceux qui ne sont pas des adeptes des accessoires de mode pour tenues seyantes bleu ciel). Sans renfort avant un bon moment, les allemands doivent prendre leur mal en patience pour ne pas être submergés ou battus les uns après les autres.

Prise de Woerth par les vétérans français, les prussiens sont repoussés, l'artillerie bavaroise déjà en difficulté et son infanterie qui avance péniblement dans les sous-bois.

  

L’enlisement au centre avec les infructueux assauts prussiens :

 

Les combats pour Woerth font rage, mais les troupes de chocs françaises font mieux que contenir les prussiens, ils les réduisent et repoussent.

Les batteries françaises y jouent un rôle essentiel et dominent les, pourtant fameux, Krupp.

Combats acharnés jusqu'au dernier homme pour Woerth !

On lâche rien coté français !


L’installation d’un nouveau flanc à gauche, l'arrivée du Kronprinz Wilhelm :

 

Aile gauche prussienne en cours de déploiement.

Les combats de l'aile gauche sont aussi rude qu'au centre, pas le temps de faire des échanges de tirs, il faut repousser les français.

Lentement mais sûrement, les français sont repoussés...

Non sans lancer de petits assauts de retardement qui s'avèrent suffisamment efficaces pour ralentir les prussiens.

Du canon Krupp qui cherche désespérément des cibles sans toucher ses propres alliés !

 

Interlude historique, la charge avortée de « Reichsoffen » par les cuirassiers français

La charge des cuirassiers Français de la Brigade Bonemains à Froeschwillers: Un dernier baroud d’honneur sacrificiel de Reichshoffen

Petite parenthèse historique qui ne manque pas de sel : Dans le secteur d'Elsasshausen, la brigade de cavalerie Bonnemains (1er, 2ème 3ème et 4ème régiments de cuirassiers) chargea sur un terrain accidenté un dizaine de bataillons d’infanterie allemande dans une héroïque mais vaine charge qui restera comme le chant du cygne de la cavalerie française sur les champs de batailles.

La charge des cuirassiers français

 Coïncidence ou volonté du général en chef français Mac Mahon de rejouer l’histoire, dans l’espoir fou de changer l’issue fatale ?, la brigade de cuirassiers s’est lancée à l’assaut des bavarois pour être vivement repoussé puis anéanti par la puissance de feu des buveurs de Pils (bière blonde légère et mousseuse pour les non initiés) pourtant réputée légère.

Pour la postérité en voici quelques photos pour immortaliser l’évènement… et pour ceux qui connaissent, n’hésitez pas à entonner la chanson populaire de votre enfance (si vous avez connu les fraiches soirées près du feu de de camps vous n’aurez aucun mal à retrouver l’air en lisant ces fameuses paroles :

C’était un soir la bataille de Reichshoffen,

Il fallait voir les cuirassiers charger.

Attention ! Cuirassiers ! Chargez !

d’une main ...

 

Ils ont chargé nos cuirassiers héroïques

À Reichshoffen, la mort fauchant les rangs

Attention ! Cuirassiers ! Chargez !

d'une main, deux mains…

Cuirassiers certes, mais face aux bavarois pour ce remake de Reischoffen.

 
La pudeur nous incite à ne pas vous montrer les conséquences du drame... et les cuirasses qui jonchent le sol.

L’impatience bavaroise :

 Le centre est épuisé, les bavarois doivent se redéployer pour couvrir ce qu'il reste et ne pas créer de brèche dans le front prusso-bavarois. Problème, la journée avance et les objectifs sont encore loin...

Les prussiens épuisés, les munitions viennent à manquer, l'assaut ne poura plus aboutir.

La brigade de renfort bavaroise est directement déroutée pour couvrir ce qu'il reste du centre prussiens, soit deux batteries d'artillerie mal en point sous la menace d'une brigade française très (trop?) avancée. Woerth est restée aux mains des français !

 En regardant de plus près sa carte d’état-major et le terrain sur lequel il se trouvait, le général bavarois en eu des sueurs froides ! Pourtant cartographe émérite, celui-ci avait confondu les objectifs à conquérir (Woerth & Froeschwiller) d’ici la fin de journée ! Von Moltke risquait de le faire passer en conseil de guerre dès l’ouverture de la campagne…

L'artillerie bavaroise renforcée, bien que malmenée, concentre son feu sur Woerth.

Flanqué sur sa gauche par le français en appui à Freischwiller, le bavarois doit forcer au centre, couvrir son flanc et sur sa droite pousser vers Reischoffen sans espoirs de renforts.

Dernière poussée sur son centre, le bavarois doit sortir du bois en n'ayant toujours pas conscience de la présence de Freischwiller sur sa gauche (qu'il confondait avec Woerth) car il n'avait de yeux que pour Reischoffen à droite.

Assaut bavarois sur Woerth et prise de conscience que la dite ville n'était pas Freischwiller, son objectif... Les cartes, faut toujours bien lire les cartes !


L’avance du flanc gauche prussien parvient enfin à réduire les français qui tiennent le terrain pied à pied.

Flanc gauche prussien à l’œuvre dans son mouvement tournant.
Les prussiens dévalent la colline à la suite des français redéployer derrière la rivière...

Mais la seconde colline, boisée, permet aux français de résister encore.

Le Kronprinz Wilhelm vient constater lui même la réussite de la prise de la colline boisée, il peut enfin respirer.

La course finale vers Reichoffen :

La course pour Reichsoffen et la capture de Froeschwiller par les bavarois et la chevauchée sauvage de la cavalerie prussienne du flanc gauche (impossible de laisser toute la gloire de la prise de Reishoffen aux seuls bavarois !).

Assaut final sur le dernier carré des troupes françaises dans Woerth, et à droite, en embuscade les uhlans pour assurer la capture des français en cas de fuite.

Si tout se déroule bien, tomberont d'un coup Woerth (tout à gauche, Freischwiller (au centre) et Reisschoffen à 17h...  notez la cavalerie prussienne du flanc gauche qui arrive tout à droite mais qui va se prendre le feu de l'artillerie que pointe un doigt vengeur français !

Woerth est tombé, les français en fuite se font capturer, Freischwiller également aux mains des bavarois...

Prise de Reichoffen à 17h par les bavarois qui s’y enterrent avec succès pour subir les assauts français de 18 à 19h

Reischoffen restera bavaroise à 19h, les français réduits à trois brigades d'infanterie fameliques se seront finalement sacrifiés pour rien, tout s'est joué à si peu.

 Destruction définitive des brigades française à 19h. La messe est dite. La campagne en France s’annonce comme une balade de santé pour les casques à pointe jusqu’à la galerie des Glaces de Versailles, mais à quel prix !

Notre Kronprinz  au chevet de notre pauvre Mac Mahon après la chute de Woerth...

  

Mot(s) de la fin (ou presque) :

Les prusso-bavarois ont finalement réussis, sur le fil, à obtenir la victoire complète (objectifs physiques et destruction de l'armée française) alors qu'ils couraient derrière le résultat pendant toute la bataille... Les 3 derniers tours de jeu furent pleins de suspense, la victoire s’étant jouée au tout dernier tour ! Preuve qu’il en est que les conditions de victoire dans BBB sont bien pensées et nous supposons, bien testées. La cavalerie fut à la hauteur de nos attentes en se faisant logiquement mettre en pièce. Unique petite erreur de jeu, nous avions oublié que la cavalerie ET l'artillerie attelée pouvaient faire un mouvement d'esquive (« evade move ») si une unité ennemie venait à se positionner dans les 12'' (voir page 14).

Dans l’ensemble, après un démarrage chaotique, les tours de jeu se sont déroulés plus rapidement pour arriver au bout de 10 tours de jeu à la conclusion de la bataille !  Rappelez-vous, seul Maitre Ben y avait déjà joué et la résolution du premier combat rapproché fut épique. Le temps pour nous de bien comprendre la méthode de calcul (la gestion des bonus/malus attaquant vs défenseurs) … Comme quoi, même de vieux briscards qui veulent faire vite, peuvent s’emmêler les pinceaux le temps de comprendre un point de règle.

Vous l’aurez compris, une chose est certaine, avec cette règle, il est possible de jouer rapidement de très grosses batailles et même de faire du multi-tables pour une petite campagne d'une journée ou deux pour un beau projet de club ! Cette dernière option va rester dans un petit coin de la tête du Marius et BBB pourrait même être une prometteuse alternative à Snappy Nappy pour un projet tel que la campagne française des 6 jours en 1814 ou une mini campagne guerre de sécession !

 

et pour jouer en 1 vs 1 une petite bataille c'est comment ? Bataille de Beaune la Rolande 1870 :

Pour ceux qui se demandent s'il est possible de jouer avec des effectifs moins importants le tout à 2 joueurs en une soirée de club, sachez que c'est tout à fait viable. Avec Maître Ben, nous avons rejoué la bataille de Beaune la Rolande le 28 Novembre 1870, avec de piètres troupes françaises peu mobiles, mal commandées mais nombreuses face à des prussiens peu nombreux mais bien retranchés et expérimentés, donc efficaces et réactifs. 

Une nouvelle course contre la montre qui s'est terminée par un match nul que les prussiens méritaient de gagner à la longue (sans la tombée de la nuit du dernier tour, le français perdait au moins l'un de ses objectifs ci qui lui suffisait pour perdre la bataille).

Encore une fois, l'activation des troupes est essentielle, il est donc vital pour le joueur offensif de bien relire les règles de traversée des troupes amies, histoire de ne pas se retrouver comme le joueur français, le Marius ici en l'occurrence, bloqué par d'autres unités ou penser être bloqué par certaines unités (en ordre de bataille vous pouvez traverser d'autres unités, ne pas l'oublier histoire de réaliser au mieux des roulements sur le front).

Quelques photos en vrac pour vous faire une idée. A BBB on se bouge énormément, même avec des troupes aussi lentes que furent celles de l'armée française.

Entrée des français par les routes en bas de la photo.

Le difficile déploiement français handicapé par une absence de commandement.

Le charme des embouteillages (une unité en colonne de marche sur route ne peut pas traverser une autre unité en colonne de marche sur route).

Assaut des 2 premières positions prussiennes par des français peu fiables.

Même dans ces conditions, le prussiens à résisté un moment.

La poursuite laborieuse des français... handicapés par les rivières et la faible expérience des gardes mobiles.

Enfin les renforts prussiens qui viennent ré-équilibrer la bataille !

Les positions finales, le mouvement tournant français a fait basculer la bataille de 90° mais le point central trop fortement défendu et fortifié (près de l'étang) n'a jamais permis au français de le conquérir et la cause de la perte de nombreux braves.

Je ne sais pas pour vous, mais nous on a bien apprécié la cohérence de cette règle très agréable sur son créneau. Et pour le Marius, la guerre de 1870 c'est un peu de changement d'air, histoire de laisser de coté, le temps de quelques batailles, ses habituelles marottes.