Avec cet article, nous ouvrons un nouveau chapitre de petits guides (sans prétention, personnels et non exhaustifs) de découverte et de présentation de différentes armées que l'on croise sur nos tables de jeux. L'idée, répondre aux questions suivantes : quelles sont leurs caractéristiques ludiques, à quoi ressemblent leurs troupes ?
Et pour changer des sempiternelles nations les plus jouées en napoléonien (grenouilles, homards, buveurs de vodka ou mangeurs de saucisses), nous commencerons par nos voisins ibériques qui se sont fait remarquer lors de la guerre d'indépendance espagnole de 1808 à 1814 (aussi connu sous le nom guerre d'Espagne et du Portugal chez les mangeurs de grenouilles ou Peninsular War chez les homards).
Bien que gratifiant, se constituer puis jouer une armée espagnole, période napoléonienne, tient franchement du sacerdoce. C'est la marque de l’excentricité, du capharnaüm et du charme vestimentaire (uniformes), mais c'est aussi la nécessaire acceptation de contraintes ludiques fortes. N'est pas joueur espagnol qui veut ! Il faut de l'abnégation et ne pas baisser les bras pendant sa quête un peux folle. C'est à ce prix que vous pourrez ressentir une certaine fierté à diriger ces troupes au charme (in)certain, loin des heures de gloire à l'époque où les Tercios espagnols dominaient les champs de bataille.
Et pour changer des sempiternelles nations les plus jouées en napoléonien (grenouilles, homards, buveurs de vodka ou mangeurs de saucisses), nous commencerons par nos voisins ibériques qui se sont fait remarquer lors de la guerre d'indépendance espagnole de 1808 à 1814 (aussi connu sous le nom guerre d'Espagne et du Portugal chez les mangeurs de grenouilles ou Peninsular War chez les homards).
Bien que gratifiant, se constituer puis jouer une armée espagnole, période napoléonienne, tient franchement du sacerdoce. C'est la marque de l’excentricité, du capharnaüm et du charme vestimentaire (uniformes), mais c'est aussi la nécessaire acceptation de contraintes ludiques fortes. N'est pas joueur espagnol qui veut ! Il faut de l'abnégation et ne pas baisser les bras pendant sa quête un peux folle. C'est à ce prix que vous pourrez ressentir une certaine fierté à diriger ces troupes au charme (in)certain, loin des heures de gloire à l'époque où les Tercios espagnols dominaient les champs de bataille.
Le choix de l'échelle est une question de goût, de place, et de moyens nous passerons rapidement sur le sujet en présentant les 2 échelles les plus représentées (28mm & 15mm) qui permettent aux peintres de rentre suffisamment dans le détail (désolé pour les adeptes du 10mm et du 6mm, et puis je n'ai pas de photo en 6mm ;-D ).
êtes-vous plutôt espagnols 1811 en 28mm... |
... ou plutôt espagnols 1808 en 15mm ? |
Quels sont donc ces joueurs qui se sont lancés dans l'aventure ? :
On peut croiser une variété de personnes qui apprécient d'aligner cette armée sur les
tables de jeux dont les suivants sont parmi les plus représentatifs :
A tout seigneur, tout honneur, voici donc le
joueur ma
patrie, mon amour. C'est le plus motivé, un lien affectif le relie à
l'Espagne et pour lui, pas question de jouer autre chose. Viva España ! L'amour ne s'explique pas, il sera donc souvent un adversaire ou partenaire de jeu sympathique et décontracté. Mais attention aux mauvaises surprises, certains peuvent pousser un peu trop loin leur passion et devenir alors plutôt barbants et surtout désagréables à jouer.
Puis vient le
joueur fashion victim. Il aime tellement
les tenues et variétés des uniformes espagnols (surtout 1808-1809 car le bicorne c'est la classe) qu'il ne veut pas joueur autre chose. Et puis c'est
cool, car rare sont ses condisciples, il est donc presque certain de faire le
buzz et se fera un devoir de répondre à toutes les questions que vous vous poserez sur les uniformes et les particularités des troupes espagnols. Chose qu'il s'appliquera à faire avec le plus grande assiduité, n'en doutez pas. Potentiellement l'adversaire le plus agréable mais son niveau de stratège est alors souvent inversement proportionnel à sa joie d’aligner de beaux uniformes variés.
Voici en images (et quelles images), l'exemple même la parade d'une armée peinte par une "fashion victim" A noter que cette armée couvre justement les 3 périodes d'uniformes des Espagnols (pour le plaisir de la variété) sans volonté d’aligner des troupes ayant combattu ensemble (voir plus bas) :
Armée espagnole mixte pour le plaisir des yeux
Voici en images (et quelles images), l'exemple même la parade d'une armée peinte par une "fashion victim" A noter que cette armée couvre justement les 3 périodes d'uniformes des Espagnols (pour le plaisir de la variété) sans volonté d’aligner des troupes ayant combattu ensemble (voir plus bas) :
Armée espagnole mixte pour le plaisir des yeux
Vous croiserez ensuite quelques représentants du type "et pourquoi pas l'espagnol ?". Celui-ci croise plus ou moins par hasard la route d'une armée
espagnole. Achat d'armée d'occasion, reconstitution de bataille de la
péninsule, besoin de compléter ses Anglais avec des troupes disposées à se sacrifier et terminer en chair à canon... Bref, c'est l'espagnol par occasion, il y va, il verra bien, mais va se débrouiller pour minimiser ses faiblesses et exploiter au mieux ses quelques rares points forts.
Il existe aussi un spécimen, exceptionnel lui. C'est le légendaire joueur masochiste. Celui-là, on ne sait
pas pourquoi, mais il aime jouer ce qui est injouable ou presque, il aime les
défis perdus d'avance ou presque avec un fort handicape. Il aime se faire piétiner, se faire humilier, se faire rouler dessus et ça tombe bien,
l'armée espagnole est taillée sur mesure pour lui... Ce joueur aime perdre et avec de l'espagnol il aura toujours une excuse, même si les dés lui sont favorables. Ses rares victoires seront son seul réconfort et presque une surprise. Accessoirement on peut tout de même le rencontrer avec d'autres armées. Pour se faire remarquer, il jouera toujours les troupes les plus mauvaises ou les pires combinaisons possible, parfois volontairement, parfois par totale incompétence (le masochiste refoulé) mais sans désir de s'améliorer. Attention, à ne pas confondre avec le joueurs sympathique et décontracté pour qui le plaisir est de pousser des figurines sans volonté aucune de gagner.
Jouer l'armée espagnole, faiblesses & faiblesses :
Ne
nous voilons pas la face, à l'aulne des armées période napoléonienne, l'espagnole est
classée bonne dernière au général mais également bonne dernière dans presque
tous les domaines individuels (infanterie, cavalerie, commandement etc.).
Mal
équipée, mal ravitaillée, mal encadrée, mal formée, corrompue, c'est est le cocktail explosif du made
in Spain.
Dans
ces conditions on ne peut qu'être interpellé par sa capacité historique à renaître tel un
Phoenix après chaque défaite, entrecoupée de quelques trop rares coups d'éclat
à commencer par la victoire de Bailén en 1808.
Bailén 1808, LA victoire espagnole par excellence * |
Guérilla espagnole à l’œuvre... * |
Cette capacité à continuer le
combat encore et toujours, à harceler et user l'adversaire peu à peu jusqu’à le
briser moralement et militairement est sa véritable force. C'est un plus indéniable pour du jeu stratégique (niveau des armées) ou en campagne au grand plaisir des
joueurs patients familiers de guérilla et adeptes de conflits asymétriques. Si pour vous Mongols, Huns et autres peuples des steppes vous procurent un frisson de plaisir, alors vous devriez pouvoir exploiter au mieux cette nation à coup d'actions de guérilla sur les arrières des troupes ennemies trop avancées dans vos terres... Votre force, c'est votre faiblesse reconnue par tous. Vous vous en servirez pour faire bosser les autres nations (comme protecteurs) pour vous (de préférence les Britanniques et les Portugais) et coiffer les autres au poteau avec vos conditions de victoire en général moins exigeantes.
Malheureusement,
nous sommes ici plus concerné par les batailles rangées et leur micro déroulement...
Au niveau du jeu "grand tactique"
Castanos * |
vous dirigez une petite armée ou un corps d'armée, les troupes sont modélisées simplement
avec une valeur globale (à la rigueur 2) qui permet d'intégrer la combativité, les effectifs, le
moral etc. En général les troupes espagnoles sont alors affublées d'une valeur
très faible. En gros, elles s'usent vite et ne "frappent" pas fort.
Il devient difficile d'effectuer des percées rapides et brutales pour rompre
l'armée adverse ou simplement de rester engagé pendant des heures.
Du côté des généraux, c'est guère mieux, le commandement
supérieur est indigent, à tel point que l'on retrouve une part importante de généraux étrangers (Reding) ou descendant d'étrangers déjà implantés (Blake, Lacy...), surtout dans les premières années de la guerre. L'activation et la manœuvrabilité de vos troupes va fortement laisser
à désirer. Déployez vous de manière à ne pas vous faire surprendre et si possible doublez (seconde ligne) par des réserves toute votre ligne de front.
L'armée implique alors un jeu souvent défensif où il faudra s'accrocher à du
terrain qui permettra de gagner des bonus de manière à réduire l'écart lors de la résolution des combats avec les
adversaires. Heureusement, à cette échelle l'armée espagnole est souvent en
soutien d'une armée anglaise avec de nombreuses troupes de qualité ou de chocs qui pourrons compenser votre faiblesse. Choisissez vos, combats, ne vous engagez pas trop tôt et faites-vous
petit (laissez le français se concentrer sur vos alliés plus dangereux dans un
premier temps).
Avec des systèmes de jeu "tactiques"
Zayas * |
vous dirigez une division ou une brigade, les
carences de l'armée espagnole sont alors encore plus criantes.
Coté encadrement, rares sont les chefs qui tiennent la route, même à cet échelon, mais il en existe quelques-uns de correctes (par opposition à la norme qui est évidement de qualité mauvaise voir pire, ne l'oublions pas). Il faudra alors les utiliser au mieux, de préférence sur les points chauds. Ne lésinez pas, certains sont charismatiques et permettent de recevoir des bonus au moral ce qui rend leurs troupes plus résilientes. N'oubliez pas que votre force c'est votre faiblesse, l'adversaire prendra rarement le temps de préparer ses assauts et voudra faire vite, si à ce moment-là vous arrivez à casser son tempo et le contrarier dans l’exécution de son magnifique plan (qu'il pensait comme tel), alors il risquera de se déconcentrer et commencera peut-être à faire des erreurs...
Coté troupes, si l'on excepte les gardes, voir les grenadiers et les régiments étrangers, l'infanterie est
faible et versatile. Encore une fois, il faut l'ancrer dans du terrain pour lui
permettre de résister suffisamment longtemps. Les jeux tactiques permettent de détailler
les valeurs de combat rapproché, de tir, de moral, d'effectifs etc. Leur faible entraînement, réduira drastiquement la capacité de manœuvre et de tir.
Avec
la notion de moral/cohésion, les unités espagnoles vont souvent
rompre sans combattre (moral faible) à la suite d'un test malheureux après un tir ou à la simple vue de de troupes amies adjacentes en fuite (phénomène particulièrement frustrant pour le joueur non prévenu/débutant qui se sentira dépossédé de sa capacité de faire mieux que les protagonistes historiques).
En
parties avec budget les troupes espagnoles sont alors souvent plus nombreuses (logique car plus faibles donc avec un coût d'achat réduit). Mais le nombre ne
permet pas forcément de compenser la qualité. Les pertes sont souvent calculées à l'unité et non pas au budget, vos pertes risquent d'arriver plus rapidement (le moral, toujours le moral) et donc de peser plus lourdement que celles de votre adversaire. Sans oublier que pour réaliser un assaut majeur avec succès
il faut avoir des troupes de chocs, "manœuvrantes", et soutenues par de
l'artillerie ou de la cavalerie. Faire des dégâts importants rapidement dans un espace réduit est l'alpha et l'oméga des attaques de percée réussies.
La
encore, l'Espagne se fait rattraper par une cavalerie composée de troupes indigentes et en sous-effectifs chroniques aux chevaux faméliques
(lorsqu'ils existent).
Bref, exit la cavalerie de choc. Et en matière d'effectifs réels c'est plutôt limité.
LE faux ami : C'est beau... mais pas efficace ! * |
C'est moche hein ? on vend du rêve là. Reste la dernière arme clé de la période napoléonienne, l'artillerie.
Celle-ci
est à peine mieux lotie, équipements disparates (calibres, origines diverses des canons)..., mobilité faible (attelages de
mules voir de bœufs). Bref, oubliez les manœuvres de l'artillerie à cheval française
capable d'accompagner un assaut de cavalerie ou des relocalisations rapides de batterie d'artillerie. Il ne vous reste plus que quelques artilleurs de ligne mais qui pour le coup peuvent rappeler ceux de l'armée russe avec un certain acharnement à tenir leur batterie. Placer correctement son artillerie devient alors essentiel si l'on veut qu'elle serve, les joueurs XVIIème siècle (en particulier de Tercios) connaissent très bien cette situation. et c'est une des clés pour les joueurs espagnols.
Accrochez vous au terrain, à vos canons... et ne lâchez rien ! * |
C'est pas avec des mulets qu'il va être facile de déplacer vos canons... (Perry) * |
Dans les règles tactiques, vous croiserez donc souvent des modificateurs ou compétences comme ci-dessous :
- versatilité de l'infanterie (la valeur de moral ou de combat est définie à la hausse ou à la baisse par un jet de dé lors du premier combat de l'unité) ,
- puissance de feu de l'infanterie et capacités de tirailleurs réduites,
- faible manœuvrabilité et commandement limité,
- quelques rares chefs charismatiques pour remonter le moral,
- cavalerie lente (mal équipée) avec des unités de petite taille manquant parfois même de bonus de choc,
- artillerie lente mais parfois un bonus pour la combativité.
Dans ces conditions, quelle période est privilégiée par les joueurs ?
On lâche rien et on se bat ! * |
On peut définir trois grandes périodes espagnoles :
1808-1809 ou les beaux gosses,1810-1811 ou les fiers pouilleux,
1812-1814 ou un début de remise à plat vestimentaire... mais pas totalement faut pas déconner on est espagnol !
L'armée type beaux gosses (période 1808-1809) :
La majorité des joueurs se constitue des armées de type début de
période (1808-1809). À base de bicornes et de beaux bonnets à poils de
grenadiers, c'est l'armée qui a du style vestimentaire à la mode fin d'Ancien Régime. Se faire
piétiner oui, mais on reste chic et classe en toutes circonstances, légèrement débraillé avec sa barbe de 3 jours, un point c'est tout. Ah si, on compte aussi un peu sur ses mercenaires étrangers plus efficaces, que sont les suisses et les irlandais.
Un lien intéressant si vous êtes portée sur l'espagnol beau gosse et que vous désirez monter une armée :
Les suisses * |
La ligne * |
Les légers * |
La cavalerie * |
Une seconde partie de joueurs préfère se concentrer sur des Espagnols moins haut en couleur de fin de période (1812-1814)
avec de nouveaux uniformes moins variés, colorés ou clinquants à
base de simples shakos et vestes bleues. Des troupes légèrement plus aguerries et entraînées souvent utilisées comme des supplétifs au
service de Sa Gracieuse Majesté. Le cœur de l'armée est est tout juste espagnol et souvent la présence britannique est alors très marquée.
L'infanterie de ligne 1812 * |
Sans oublier la guérilla ! |
Pourtant, entre ces deux styles vestimentaires bien connus et relativement bien présents dans le monde du jeu d'histoire, l'armée espagnole a vécu une période de transition (1810-1811) où elle se cherchait...
avec un grand mélange de tenues de circonstance entre autres à base de
chapeaux type haut de forme (top hat/round hat) ou de bonnets de police. Bien sûr on y trouve également de nombreuses
tenues civiles, des uniformes marron à base de fournitures britanniques ou des restes des années précédentes pour certaines unités. Bref c'est le joyeux bordel, la punk attitude des armées. Étonnement, on
voit assez peu ces uniformes (ou non uniformes) sur nos tables de jeu et c'est bien dommage. La documentation "uniformologique" très parcellaire y est sûrement pour beaucoup mais en contre partie permet une certaine liberté de réalisation de vos unités.
Mais fans de 28mm et d'espagnols soyez heureux, les frères Perry ont commencé une magnifique série d'espagnols pour ces années de doute vestimentaire. Il y a maintenant de quoi se monter une armée complète alors n'attendez plus. Au besoin, Eagles et Front Rank ont également de quoi combler certaines lacunes mais attention en composant les unités, tout ne se marie pas à la perfection, en particulier les Front Rank plus trapues.
Infanterie 1811 * |
Infanterie en tenue marron * |
Infanterie * |
Cette armée de transition, c'est
justement celle qui a combattu à Albuera (1811) et que nous allons vous présenter, avec moult photos, dans la seconde partie de l'article du blog sur nos fières espagnols !
Viva España !
* Ces photos sont récupérées sur internet via les moteurs de recherches (en particulierchez minaturas militares), si elles sont couvertes par des droits particuliers (nous ne sommes pas familier de ces règles et procédures), vous pouvez contacter l'auteur du blog affin de les faire retirer. Nous vous présentons par avance nos plus plates excuses.
1808 1809 : Magnifique non ? et c'est sans parler des grenadiers, mais nous on va se diriger ver l'année 1811 * |