vendredi 16 juin 2023

Valour & Fortitude, Brabant 1814

Et voilà, 

encore un changement de programme. Plutôt que l’article détaillé sur Carnage & Glory, nous voilà parti pour un compte rendu de bataille avec la règle Valour & Fortitude pour du Napo sauce 28mm (et non pas Marango, la sauce). Règle gratuite, (accessible en téléchargement sur le site des Frères Perry, celle-ci se veut rapide, facile à jouer, propice aux grandes tables avec de nombreuses unités et même structurée de manière à supporter de petits changements de règles pour l’adapter au goût de chacun.

Ce twist était donc tout à fait légitime, car nous avons monté en catastrophe pour la LEM 2023 une table d’initiation Napa 28mm pour le samedi, journée ou la salle était, fait rarissime, moins remplie que le dimanche habituellement plus calme. Cette partie d’initiation ayant eu un très bon accueil (visiteurs ou membres du club), nous en avons rejoué une seconde le dimanche ! Surtout qu’un visiteur du samedi, PY pour les intimes, était partant pour venir le dimanche. Et vous savez quoi, et bien il nous également rejoins un dimanche au club pour la journée Brabant 1814, ceci afin de pouvoir aligner ses russes qui ne demandaient qu’à venir croiser le fer pour leur baptême du feu et ce fût chose faite lors de cette bataille, presque, imaginaire du Brabant en 1814.

 

Brabant 1814, la retraite des français en bon ordre

Concernant l’année 1814, la campagne de l’Empereur en Champagne est plutôt bien connue, les affrontements des Pyrénées qui ont menés à la bataille de Toulouse pour le grand final et même la retraite française d’Italie le sont également dans une moindre mesure. Reste le vilain petit canard. Pas de Napo, pas de Wellington, pas de Blücher, pas de Schwartzenberg, pas d’Eugène, seulement le grand paria Bernadotte avec son armée du Nord, et encore, un Bernadotte qui ne voulait pas mettre les pieds sur le sol français, sauf si on l’invitait pour prendre la suite du petit Corse à la tête du pays.

Qui se souvient de Molitor ? De la belle retraite du général Maison, tous deux futurs Maréchaux, des Anglais de Graham débarqués aux Pays-Bas ? Des Russes du thuringien (allemand) Ferdinand von Wintzingerode et même des quelques prussiens de Bülow, suédois, hollandais et saxons ? Pas grand monde. Les adeptes du 100% historique ne m’en voudront donc pas d’en avoir profité pour aligner quelques troupes diverses et variées dans l’optique de représenter un combat d’arrière garder lors de la retraite des Français sous le commandement de Maison.

 

De la bataille :

Côté français en défense, le général Molitor, une vieille moustache expérimentée pleine de malice masquée par un air débonnaire et souriant était aux ordres d’un Mathieu, général en chef Maison, enthousiaste et entreprenant.

 Face à eux, les Russes dirigés par un Wintzingerode offensif et agressif tout en discrétion et légèreté accompagné d’un allié britannique (peut-on véritablement l’appeler ainsi ?) indépendant et forte tête particulièrement offensif (ce qui est suffisamment rare chez les adeptes du rouge pour être signalé). Le tout sous la direction de l’arbitre et chef d’orchestre (à la baguette, le Marius) toujours prêt à déclencher un 49-3 bien senti ou des évènements aléatoires pour pimenter la partie et surprendre les armées engagées. Après un rapide survol des règles, la présentation des quelques rares amendements made in KB par le Marius, nous avons tenté de jouer en ajoutant, avec succès, des règles d’ordres pour ajouter un peu de chrome « belliludiste » et obliger les joueurs à réaliser des plans puis à respecter leurs ordres (assaut, engagement par le feu, manœuvre, retraite & réorganisation, réserve) pour leur exécution.

 

Les plans :

Les Français, en défense, ont choisi leur coté et fort judicieusement préférés jouer en profondeur pour contenir frontalement plus aisément leurs adversaires et avoir de la profondeur en cas de repli. Ainsi, ils pourront gagner du temps et engager au mieux leurs réservent sur les points sensibles. Si le front tient, la victoire sera facile, s’il craque la percée de l’ennemi sera sans appel en cas de réserves françaises épuisées.

 Les alliés eux, avaient pour objectif de capturer (en 12 tours, soit 3 heures) la route principale de retraite vers la France (sortie de table représentée par des bagages) et d’avoir plus de points de victoires que le français (objectifs physiques + brigades ennemies en déroute). Le plan de bataille était donc des plus simples et des plus violents, attaquer sur les trois points principaux du front les troupes adverses afin de saturer la ligne de front pour leurs faire lâcher prise en un des points. Avec 2 bataillons de grenadiers russes et des Britanniques de premier rang, la chose s’annonçait largement accessible en cas de manœuvres bien synchronisées. 

Molitor et Maison attendent patiemment les alliés...

Les aléas du début de l'engagement :

Mais voilà, entre les plans et l’exécution il y a souvent des imprévus qui viennent tout gâcher. 

Première surprise, 2 villages (sur les 3) pouvaient contenir une garnison française retranchée et ce, même au-delà de la zone de déploiement. Ce sont malheureusement les Britanniques qui se sont retrouvés directement face au premier obstacle fortifié alors qu’ils espéraient de suite pouvoir engager les Français de l’aile droite française (à l’Est du village central). 

 

Seconde surprise, les méfiances, les jalousies, la langue et les problèmes de communication chez les alliés ne facilitent pas la mise en œuvre du plan initial (règle spécifique d’activation pour l’anglais à la bataille). Techniquement, à V&F, une brigade s’active librement sur 2+ sur 1D6. Et général en chef peut activer automatiquement une brigade de son choix à portée de commandement... mais seulement de sa propre nationalité (ici des russes) ! Cette découverte lors de la première phase d’ordres est une petite surprise pour les alliés (j’avais précédemment simplement signalé lors du briefing que la communication entre les 2 armées n’était pas forcément évidente). Et l’improbable arriva, les Britanniques ne purent s’activer qu’au 4 tour de jeu et prendre d’assaut le village après avoir lancé 1 à trois reprises !  Les soldats britanniques ont clairement exprimé leur envie de se contenter d’un échange de feu entre leurs tirailleurs et l’ennemi retranché au grand désespoir de leur général qui piaffait d’impatience ! 

 

La brigade anglaise surprise et bloquée par la présence de la garnison française en avant du front

Résultat des courses, le russe lancent tout de même ses assauts combinés sur le village central et l’aile gauche française à première vue dégarnie, le tout sans phase préparatoire de bombardement d’artillerie. Avec ses brigades en marche, le russe ne possède pour le moment pas de supériorité d’artillerie qu’il affectionne temps en cas de bataille défensive. Cela va-t-il suffire face à des français opportunistes ?

 

Les russes avancent au centre sur le village ainsi que sur l'aile gauche française

Réserves françaises en retrait du front qui attendent leur heure

Les réserves françaises de cavalerie et d'infanterie se déplacent vers l'aile gauche
 

En l'absence des anglais englués, l'aile droite française se rabat autant que possible avec son ordre de défense sur le flanc russe
Un troisième brigade russe fait son apparition...

 

Les engagements sur toute la ligne de front sont terribles

Les grenadiers, malgré le feu adverse le temps de l’approche, ont enfin ordre d'assaut, et chargent


Un bataillon russe déborde le village central pour repousser les tirailleurs et engager les français

La brigade russe avec les cosaques hésite entre supporter le centre ou son aile droite...

Les français s'engagent à fond, dont la réserve de chasseurs à cheval pour être enfin plus nombreux car ils risquent sinon de se faire percer leur ligne à bout de souffle.

L'artillerie français en profite pour se reposer après avoir bien donné pendant l'approche russe

Peu inspiré, les chasseur français ne font pas paniquer les russes qui passeront en carré après avoir déjà serré les rangs

Les premières déroutes sont russes

Au centre également les assauts russes échouent

 
La troisième brigade russe revient au centre tenter de prendre le village aux héroïques français

 

La brigade russe est épuisée et le dernier bataillon encore valide reste sur place pour se défendre

Mais les français veulent en finir et reviennent à la charge, même épuisés, personne ne veut céder le terrain à l'adversaire

Vive l'Empereur, des renforts français arrivent mais au lieu de la Garde espérée, ce ne sont que des Marie-Louise

La cavalerie légère anglaise est elle retenue par une confusion dans l'état major (ou le fait d'un espion à la solde des français ?).

Contrairement au village central qui vient enfin de tomber aux mains des russes, les assauts anglais sont repoussés par des français à l'héroïsme inouï.

... pour enfin céder à la puissance britannique dont les troupes vont piller les caves à la recherche de bière très probablement

Les Marie-Louise sont directement envoyées au front pour reprendre le village central qui vient de tomber

Molitor se prépare à réceptionner comme il se doit les anglais enfin repartis vers l'avant

Les dragons russes, retardés, dépassent enfin les batteries d'artillerie mais sont ralentis par du terrain marécageux devant eux...

Alors que la cavalerie lourde française arrivée en renfort est encore retardée à cause d'une mauvaise carte des environs !

La reconquête du village centrale se prépare sous la couverture de l'artillerie

Volonté contre volonté, français et russes se disputent le village central, qui l'emportera ?

Et c'est une reprise du village parles Marie-Louise et une désillusion pour des russes éreintés

Après avoir eu le temps de réorganiser les restes de sa brigade légère de cavalerie, celle-ci retourne vers ses bagages pour y retrouver la cavalerie lourde française le tout sous la couverture d'un bataillon épuisé en carré

La nuit commence à tomber, les alliés ont eu de nombreuses pertes et des brigades en déroute avec comme seul gain le village de pointes conquis par les britanniques. Avec leur route de retraite toujours ouverte et couverte pas une réserve de cavalerie lourde, les français vont pouvoir retraiter de nouveau et savourer leur victoire

L'heure du debriefing à chaud, à gauche, les cavalier anglais pour avoir eu trop de retard sont punis et ne méritent pas d'apparaitre sur la photo finale


Debriefing rapide :

Victoire de l'armée française qui a tenu les principaux objectifs et s’est même payé le luxe d’infliger plus de déroutes et pertes à ses adversaires. V&F permet bien de jouer rapidement avec de nombreuses unités, même avec des joueurs novices sur la règle. De notre côté nous avons adapté quelques petits points de règles qui ne nous conviennent pas et nous avons également ajouté un système d’ordres (inspiré par les ordres de Bataille Empire dont nous avons justement utilisé les marqueurs). Ces ordres à la brigade ralentissent évidement légèrement le jeu mais évitent que les joueurs fassent trop d’actions ou mouvements de micro gestion « aberrants » en s'éloignant de leurs ordres. Les anglais avec leur ordre d’assaut sur le village de pointe ne pouvaient ainsi pas en profiter pour attaquer les français en retrait sur la ligne de front principal. Qui eux même, en défense, n’ont pas pu faire plus que flanquer l’attaque au centre car trop éloignés de leur centre de gravité, leur point à défendre. Pour le français, les changements d’ordres ont été parfaitement maitrisés et utilisés à bon escient pour répondre aux situations de crises sans se disperser dans des actions futiles ou avec une vision à court terme. Coté alliés, qui plus est handicapés par un système d’ordres plus contraignants en particulier pour l'activation des anglais, les atermoiements ont coûtés un précieux temps pour la réalisation du plan initial, quel qu’il fut (n'ayant pas eu vent du détail de celui-ci, je n'ai fais qu'extrapoler en arbitrant la partie). Une chose est certaine après cette cinquième bataille, nous allons utiliser plus régulièrement V&F avec nos adaptations et l’ajout d’ordres de brigade pour de grandes tables Napo au club F&S et pourquoi pas jouer une petite campagne 1813 avec la règle prévue à cet effet (Strategy & Guile) que l’on peut retrouver dans les Wargames Illustrated 423 & 424. La preuve que ces grandes tables 28mm multijoueurs, même en Napo,  sont aguicheuses ? Notre président s'est lui même lancé dans la peinture d'autrichiens qui justement nous manquent grandement en 28mm... pour la saison prochaine du club.