Samedi 18 novembre 2017, lors de la résurrection du Trophée
Alexandre à Aulnay-sous-Bois, 4 joueurs, sous la direction de Tizizus, ont
rejoué cette bataille qui avait déjà été présentée il y a une dizaine d’année
en utilisant également
Might & Reason règle plus toute jeune, mais aux mécanismes toujours plaisants et d'actualité.
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Déploiement des troupes, Minden 1759 |
Avec Monsieur Spontz
nous avons accepté le défi de faire, rien de moins, qu’un résultat plus
brillant encore que celui historiquement atteint par les Anglo-Hanovrio-hessois !
En effet, nos adversaires du jour, Phil' et Aetius, peu au fait de la règle préféraient malgré tout jouer français.
Pour les joueurs de Might &Reason vous trouverez le détail et les effectifs du :
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Plan de bataille historique de la bataille de Minden 1er août 1759 au petit matin |
Le conseil de guerre ayant voté le commandement en chef avec
pleins pouvoirs au général
Spontz-Ferdinand
ainsi que la gestion du flanc gauche,
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Ferdinand derrière sa grande batterie, hessois de Wutginau sous Sporken à sa droite, réserve d' Holstein à sa gauche |
il revenait de fait la lourde tâche de la
direction du flanc droit au général
Figalpage-Sporken.
Sous son commandement, à sa gauche, en plein centre du
dispositif hanovrien, les troupes de Wurtginau composées d’infanterie
hessoise, hanovrienne et même brunswickoise. C’est la colonne la plus colorée, la
plus hétéroclite mais également la plus fragile de l’armée. Épaule contre
épaule, les hommes arrivent tout juste à couvrir le front afin d’empêcher toute
infiltration de la cavalerie adverse. Mais gare, si la ligne rompt, rien ne
pourra empêcher l’armée de se faire contourner, à commencer par les batteries
d’artillerie concentrées au centre.
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Les français et saxons sur 4 rangs face à Sporken |
Sous les ordres directs de Sporken, trois magnifiques brigades, deux britanniques et une des gardes
hanovriens. Pierre angulaire du dispositif, cette colonne est déployée juste en
avant du bois couvrant le flanc droit de l’armée.
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You shall not pass ! (... ou alors c'est la fin des haricots) |
Décalé à l’extrême droite, la colonne d’avant-garde sous les
ordres d’Anhalt est composée d’une
brigade hanovrienne épaulée par une
batterie d’artillerie légère et ne devra compter que sur elle-même en
attendant l’arrivée hypothétique de la réserve de cavalerie lourde aux ordres
du peu inspiré Sackville.
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Artilleurs visez bien, Anhalt est seul face aux français ! |
Les ordres sont clairs, tenir ou mourir sur place, Anhalt devra par ailleurs servir
d’appât aux français en avançant le long du village de Hahlen pour les
détourner le plus longtemps possible du centre droit composé des troupes les
plus fragiles sous Wurtginau.
Avec son armée sur deux rangs de profondeur,
Contades, le général
français peut prendre le risque d’un assaut majeur sur le centre droit des
alliés tout en retardant tout mouvement d’enveloppement sur ses ailes.
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Contades au centre met en place son plan de bataille |
C’est en ce début de bataille la plus grande crainte de Sporken, qui devra garder les français
sous pression tout en les attirant le plus possible sur son flanc droit. Le
bois dans son dos servira de muraille naturelle quasi infranchissable pour les
troupes régulières françaises excentrées, quitte à les laisser détruire la
cavalerie alliée encore sur la route menant au champ de bataille. Et si ce prétentieux incapable de Sackville devait y perdre son
honneur et le peu de crédibilité qui lui reste ce ne serait pas non plus pour
déplaire à Sporken !
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Il faudra du sang froid pour manœuvrer autant de troupes coté français. |
Le conseil de guerre sous le haut patronage de Ferdinand a
bien pris en compte la situation délicate du déploiement, sur un seul range et étiré
à l’extrême, de l’armée des alliés. Bien que
composé de nombreux et excellents aides camps, l’état-major a de suite pris
conscience qu’il n’allait pas être possible de contrôler tous ces nobliaux
impulsifs en quête de gloire à la tête des brigades des alliés.
A l’extrémité gauche, deux redoutes garnies d’artillerie et
défendues par une brigade
couvrent judicieusement l’aile. Nul besoin d’y
apporter plus de soutien ou d’attention. Charge à l’ennemi de faire le premier
pas, Avancez les premiers, messieurs les français ».
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De Broglie face aux redoutes des Hanovriens |
Au centre, la
cavalerie devra utiliser sa mobilité pour s’adapter aux entreprises de l’ennemi.
L’essentiel des aides de camps (points de commandement) serviront donc à
sécuriser et contrôler aussi bien que possible le flanc droit, et ainsi
refermer le redoutable piège sur l’armée française.
Alors place maintenant
à cette impressionnante bataille vue à travers les yeux du réputé fougueux
général Sporken.
La plaine est fraîche et encore toute fumante en cette belle
matinée. Les deux armées parfaitement
déployées et alignées comme à la parade s’observent une dernière fois. Seul le
hennissement de quelques chevaux trahi l’impatience des belligérants. La
journée s’annonce rude pour les anglo-hanovriens dominés en nombre. Mais il en
faut plus à nos deux stratèges pour être déstabilisé.
Le sang-froid et la patience est la clé du succès.
Sporken ne doit surtout pas s’emballer
et partir à l’assaut des lignes ennemies. Chaque nouvelle arrivée d’un aide de
camp du quartier général lui rappelle sa mission.
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Les français avancent sur Anhalt excentré tel une proie fragile, le piège fonctionne |
L’avance française est lente, et pour cause, la ligne de
front est bien trop étendue pour être correctement commandée. Pour Sporcken la
question ne se pose pas, il semble bien que l’aile gauche française ai décidé
de s’en prendre à ses hommes. Anhalt, en avant-garde offensive à l’extrémité du
dispositif comprend qu’il va subir le poids des brigades en approche. Afin d’assurer
sa survie, le général de cavalerie Sackville
ne devrait pas tarder à protéger les arrières. Pourtant, ce dernier semble
incapable de faire avancer ses troupes, attendant les derniers retardataires
partis en maraudes.
Le commandement français semble totalement débordé, les
troupes progressent de manière erratique Aucune réelle coordination entre le Duc de Guerchy refusant d’avancer et le
Prince de Sachs trépidant d’impatience
d’en découdre mais relégué en seconde ligne. Plus surprenant, aucune troupe ne semble chercher à prendre possession
du village de Hahlen afin de sécuriser le reste des manœuvres. Anhalt est de nouveau confiant, pas d’attaque
de flanc à prévoir sur sa droite mais pour combien de temps ?
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Français du Duc de Guerchy en pleine confiance |
Au centre, les batteries d’artillerie des deux armées commencent
leurs tirs de barrage créant de facto une zone vierge de toutes troupes trop
compactes.
Malbergen, à la limite de la portée effective des canons est
tout de même rapidement occupée par les français du Duc de Beaupreau fier de sa
splendide manœuvre.
La cavalerie de Holstein
reste à distance du feu ennemi. Imperturbable, alignée comme à la parade. Ferdinand, tout à sa gestion de la bataille est d’une rare activité,
ses missives sont claires, précise et l’armée les applique à la lettre.
Wangenheim, retranché
derrière ses barricades à l’entrée de
Todtenhausen attend de pied ferme le
Duc de Broglie dont il se méfie à
juste titre, car il reconnait au loin les couvres chefs typiques des grenadiers
royaux. Malgré une supériorité française, le
Duc de Broglie ne semble pas
désireux d’en découdre et préfère une bonne préparation d’artillerie avant de
décider de lancer un assaut.
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Wangenheim accueil le Duc de Broglie au son du canon ! |
La cavalerie de Fitzjames
s’avance vers les hessois mais ne semble pas vouloir exercer de pression sur des
troupes fraiches (ou bien est-ce l’uniforme bleu des hessois qui les fait
douter ?).
Ne voyant toujours pas Sackville
avancer ses escadrons pour fermer le trou entre ses troupes et celles de Anhalt,
Sporcken dû mettre ses unités en
flanc refusé afin de ne pas se faire prendre à revers par des français grisés
et motivés par l’isolement de Anhalt.
Malgré toutes les injonctions Sackville
continuait à attendre ses maraudeurs dispersés.
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Flanc refusé de Sporken, parfait. Ferdinand parvient à retenir son fougueux lieutenant |
Les français furent finalement repoussés sous les tirs de la
brigade
Anhalt magnifiquement soutenue par l’artillerie légère faisant preuve
de beaucoup de détermination.
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Anhalt, non débordé sur son flanc droit par Hahlen, tient au choc frontal. Où est donc la cavalerie ? |
Mais à tout malheur il peut parfois en résulter de bonnes
choses. L’obstination de
Sackville à
laisser ses frères d’armes combattre seuls laissant une grosse brèche dans l’aile
droite de
Sporcken fit office de miroir aux alouettes pour ces pauvres français
bien trop entassés et désireux d’en
finir avec leurs adversaires. Le centre de gravité des attaques françaises
continue à se déporter de plus en plus vers l’aile droite de
Sporken.
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Lentement le français progresse sur Sporken |
Rassuré,
Ferdinand tourne
enfin son attention vers les autres fronts, conscient de l’avancée – enfin –
des français. A gauche
de Broglie sous le feu adverse pousse, tout comme la cavalerie mais
Ferdinand engage sans hésiter sa réserve montée aux ordres de
Holstein.
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Charges et contres charges chez le Duc de Broglie qui ne fait pas la différence |
Les troupes de Sporcken
mettent en action leur puissance de feu et repoussent les vagues de français désordonnés
sans prendre le risque de les poursuivre. La batterie légère d’artillerie prend
soudainement la fuite sous prétexte de ne plus avoir de munitions laissant Anhalt seul face aux français qui n’arrivent
pourtant pas à le déborder !
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Anhalt tient et repousse |
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La cavalerie monte |
Alors que la situation devient confuse,
Sackeville entre finalement en action. Indéniablement, cet homme
voulait apparaître comme le sauveur de l’armée.
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La cavalerie de Sackville arrive juste à temps ! |
Sa charge apporte cependant le répit sur le flanc des troupes de
Sporcken.
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La charge salvatrice sous les yeux des artilleurs en repli d'Anhalt ! |
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Les troupes françaises et saxons se désagrègent sur les hommes de Sporken et Anhalt soutenus par les chargent de Sackville |
Conscient que la journée est perdue s'ils ne changent rien, les français lancent toute leurs troupes restantes non engagées sur les hessois du centre restés l'arme au pied depuis le petit matin.
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les canons d’abord, le centre français décide de converger vers les hessois en un assaut désespéré |
Wutginau reçoit alors l’ordre d’avancer au culot vers les brigades
de cavalerie française pour les repousser.
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Hessois à moi ! |
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L'assaut de la dernière chance, les généraux français partent au feu sous le regard abattu de Contades |
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L'artillerie d'Anhalt reprend son feu ravageur entre 2 charges de cavalerie, le flanc droit est définitivement Hanovrien |
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Attention, visez bien artilleurs ! |
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Sporken repousse l'armée française et se met à la poursuite des derniers débris |
L'armée française sous le poids des pertes est mise en déroute complète. Cette journée est glorieuse pour le
prince Ferdinand, son
"Soleil de Minden" brille haut dans le ciel. Les pertes sont peu nombreuses et le piège à fonctionné à merveille.
Les français n'ont jamais réussi à se sortir de leurs problèmes de commandement, de troupes trop nombreuses se gênant mutuellement et préférant s'attaquer à des unités solides et excentrées plutôt que de pousser les hessois du centre bien plus facile à user sur la durée et faire rompre.
Avec un commandement faible, une armée très étendue il était difficile pour les français d'inverser la tendance après leur mauvais choix des débuts de porter toute leur attention sur le flanc droit hanovrien tactiquement supérieur. Cette bataille reste toutefois un beau souvenir, un challenge passionnant. Une revanche en inversant les équipes mériterait clairement d'être rejouée dans quelques années !
Le plaisir M&R est toujours aussi fort lors de ce type de reconstitutions parfaites pour 4 joueurs.
Encore merci à Tizizus pour toute cette organisation ainsi que pour l'arbitrage.
Et en bonus, les photos (de meilleure qualité qui plus est !) de Phil' Contades. :-D